• "Oui, il y aura un enseignant devant chaque élève". Nous connaissons tous cette phrase du ministre qui a fait la une de la presse.

    Malheureusement, c’est une phrase inexacte et voici un exemple concret venant du terrain. Dans mon établissement, ma collègue d’ULIS a une absence de 2 semaines et 1 jour programmé depuis quelques mois. Les démarches pour la remplacer ont été faites et malgré la lenteur pour avoir une réponse … Bonne nouvelle ce lundi : un remplaçant est nommé pour l’ensemble du congé.

    Youpi ! Nous sommes ravis, mais le temps passe et aucune nouvelle de cette personne aujourd’hui pour un remplacement débutant demain. Le collège appelle la circonscription et surprise ! Le remplaçant ne viendra pas … Il a refusé le remplacement car il est trop loin de son domicile et la personne a des enfants.

    Nous avons déjà plusieurs problèmes ici. Premièrement, la circonscription n’avertit pas de la non venue du remplaçant … Deuxièmement la personne refuse (ce que je ne critique pas, car c’est possible et cela se fait dans certains cas) mais aucune solution de repli n’est trouvée.

    Alors nous devons nous débrouiller pour que ces élèves qui sont des élèves d’ULIS je le rappelle puissent venir au collège pendant l’absence de la collègue.

    Se pose ici plusieurs questions. Est-ce que remplacer dans le spécialisé fait peur ? La réponse est oui. Souvent, l’ULIS et la SEGPA font peur et personne ne vient nous remplacer quand nous sommes absents. C’est une réalité et il n’y a pas assez de postes de remplaçants spécialisés.

    Est-ce que notre système de remplacement est efficace ? Malheureusement, il y a des failles. Refuser un remplacement si cela est motivé et qu’une solution est possible pourquoi pas … mais sinon cela ne devrait pas être possible.

    Est-ce qu’il y a un manque de communication ? Clairement oui, le collège a dû relancer de nombreuses fois et sans appel aujourd’hui nous n’aurions pas pu nous organiser pour demain.

    Alors non, Monsieur le Ministre il n’y a pas un enseignant devant chaque élève. C’est faux et sur le terrain nous devons nous débrouiller pour qu’ils puissent continuer à venir en classe.

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  • Décembre 2022, 2 périodes se sont quasiment écoulées. Nous devrions dire que l’année est bien lancée et que tout tourne à peu près correctement pour le bien-être des élèves… La réalité est bien loin de ça.

    Alors, oui, je vais prendre l’exemple de mon vécu pour montrer l’écart entre les bureaux et le terrain et la méprise de ces derniers. Mais je suis certains que beaucoup se retrouveront dans cette histoire.

    Depuis septembre, notre SEGPA 48 élèves fonctionne sans directeur. Personne ne veut le poste. En même temps, il ne fait pas envie. Il contient 2 mi-temps de direction dans 2 établissements distants de 20 km. Cela implique aussi une double dose de réunions comme les conseils d’administration ou bien les conseils école/collège pour ne citer qu’eux.

    Seulement, nous avions des solutions avec la SEGPA voisine pour trouver un arrangement cette année. Or, l’inspection n’a pas bronchée. Pire, elle n’a même pas répondue aux sollicitations dont un courrier que nous avons écrit dès fin septembre pour leur proposer de discuter de cette solution. Aucun retour, pas même un mail pour dire avoir reçu notre courrier.

    L’inspection fait la muette … Et sur le terrain, c’est nous qui devons nous débrouiller. Nous sommes face à un dilemme. Nous pourrions montrer l’importance du directeur de SEGPA et donc ne rien faire afin que cela dysfonctionne, mais les élèves seraient les premiers perdants et clairement, ce n’est pas aux élèves de subir cela. L’autre solution est de palier l’absence en gérant comme on peut, en étant une équipe soudée avec l’aide de la direction. Cela fonctionne dans notre cas, mais je sais que cela ne serait pas forcément le cas ailleurs.

    Nous avons aussi alerté les pouvoirs publics, en l’occurrence la députée, sans suite … Alors que cette même personne est venue à notre rencontre à la rentrée.

    Encore une fois, le même constat : les bureaux ne sont pas reliés au terrain. Finalement, ce sont des équipes qui souffrent, qui se fatiguent et pour qui les vacances feront le plus grand bien. Mais nous ne devrions pas subir ce genre de situation. L’absence de personnel alors qu’il existe des solutions est voulue … Je suis certain que pleins d’exemples pourraient remonter ici. Il faut le faire savoir et qui sait, peut-être qu’un jour le terrain sera entendu et que le quotidien sera meilleur.

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  • En ce début d'année, nous réfléchissons aux aménagements pour le brevet série professionnelle de juin. Pour obtenir 

    des aménagements, il faut un PAP ( plan d'accompagnement personnalisé ) signé par le médecin scolaire. Afin de le faire valider, il faut un bilan orthophonique pour évaluer la nécessité ou non de la mise en place de ce PAP.

    Notre infirmière scolaire, en notre compagnie, a listé quelques élèves pour qui nous n'avons pas ce fameux bilan. 

    Nous avons donc contacté les parents des élèves de 3e concernés mais aussi ceux de 4e et de 5e afin d'anticiper, ce qui représente environ 15 élèves.

    Nous sommes, dans mon secteur, en pénurie d'orthophoniste et demander un bilan peut prendre plusieurs mois, nous en sommes conscients. 

    Ce matin, appel d'une des rares orthophoniste du coin. Elle me demande pourquoi les parents contactent son cabinet pour des bilans. 

    J'explique que pour réaliser des PAP, on nous demande des bilans orthophoniques et que par conséquent nous avons informés les familles concernés. 

    Elle me dit alors devoir refuser ces demandes car faire un bilan pour faire un bilan est inutile s'il n'y a pas de suivi par la suite. Sur ce point, je suis d'accord avec elle. Mais surtout, elle ne souhaite pas les réaliser si c'est juste pour avoir une bonne note à l'examen car un tiers temps ne leur sera pas utile ... ils ne s'en serviront pas !

    Le problème est que je ne demande pas de tiers temps mais plutôt un lecteur/scripteur qui serait très utile à beaucoup de mes élèves. 

    Je me retrouve donc avec une professionnelle qui refuse de faire des bilans pour des raisons qui sont plus ou moins valables alors que l'institution m'en demande pour aider les élèves. Au milieu, il y a les familles complétement démunies et les élèves qui souffrent de cette situation et qui auront sûrement des difficultés à obtenir leur examen. Voilà la réalité du terrain ! 

     

     

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  • La fin d’année rime avec la période du mouvement pour les enseignants mais aussi pour les élèves.

    Ce moment peut être synonyme de joie comme de déception. En ce qui concerne les enseignants, certains auront leur vœu et vont donc logiquement être heureux. D’autres seront déçus en restant sur leur poste voire en étant affectés par défaut dans un établissement ou une structure qu’ils ne souhaitent pas.

    Par expérience, je sais que ce moment peut être douloureux mais il faut essayer de voir cela comme un signe et une chance de découvrir un nouvel environnement pour au moins une année scolaire ou plus si le poste vous convient.

    Mais, ici, je voudrais me concentrer sur les affectations des élèves à besoins éducatifs particuliers. L’école soi-disant inclusive devient de plus en plus destructrice pour ces élèves par manque de place et de moyens.

    Il n’est pas rare de se demander comment va faire un élève relevant d’ULIS qui se retrouvera dans une 6e générale alors même qu’il atteint péniblement un niveau de fin de cycle 2. Ce jeune qui peut être non-lecteur va se retrouver dans le tourbillon du collège au sein d’un groupe de 25 à 35 élèves, à batailler pour comprendre alors qu’il n’a rien demandé.

    Et encore ce cas de figure n’est pas le plus grave ! Il est possible qu’un enfant soit en attente d’une place en IME et qu’il soit affecté en 6e ordinaire ! Pour « compenser » on lui affectera une AESH qui ne sera présente que quelques heures pour atténuer les souffrances de cet élève.

    En face de ces élèves, des professeurs non formés à enseigner à des élèves avec un tel niveau, qui sont parfois autant dans la souffrance que les jeunes.

    Derrière tout cela, il y a aussi la détresse des parents qui voient leurs enfants souffrir au quotidien, perdre goût en l’école et tout simplement perdre pied. Pour des familles qui ont mis du temps, dans certains cas, à accepter que leur enfant soit scolarisé en élémentaire dans un dispositif spécial, elles doivent alors faire toute la démarche inverse quand elles voient leur enfant scolarisé dans l’ordinaire au collège. Cela soulève de nombreux questionnements et incompréhension qui sont légitimes.

    L’école ne se donne pas les moyens de pouvoir accueillir correctement ses élèves à besoins éducatifs particuliers alors qu’ils ont besoin d’un accompagnement spécifique. Au lieu de cela, dans certaines académies on augmente le nombre de place dans les ULIS afin de dégrossir les listes d’attentes. Mais 14 élèves en ULIS ce n’est pas gérable lorsqu’il faut individualiser le travail des élèves, même si théoriquement ils ne devraient jamais être tous en même temps dans le dispositif. 

    Nous assistons aussi à un glissement des profils ; les élèves arrivant en ULIS relèvent de plus en plus souvent d’IME. Il en va de même en SEGPA où le public est de plus en plus semblable à celui de l’ULIS collège dans certains cas.

    Il est temps de faire connaitre la réalité du terrain au plus grand nombre et faire prendre conscience que ce n’est pas une situation normale. Il faut donner les moyens aux élèves à besoins éducatifs particuliers de réussir au lieu de sans cesse les mettre au second plan et créer un mal être encore plus profond chez eux.

    L'intention de l'école inclusive est louable mais elle ne peut pas reposer uniquement sur les épaules des enseignants, qui doivent faire plus, plus accessible, plus différencié, plus adapté, avec exactement les mêmes moyens qu’auparavant. C’est malheureusement bien le manque de moyens humains et financiers qui empêchent le meilleur accompagnement possible des élèves.

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  • Ce matin c'était animation pédagogique sur l'orientation en SEGPA, le PPRE et la présentation de ma SEGPA.

    Osez



    C'était très enrichissant d'être présent en compagnie des collègues directeurs d'école de la circonscription pour qui était organisée l'animation.
    La référente de la commission d'orientation en SEGPA a pu expliquer comment faire un dossier correctement, alerter sur différents points et faire de la pédagogie.
    Par la suite, une maitre E du secteur a expliqué l'importance du PPRE.
    Enfin, la directrice de la SEGPA a présenté la section et nous avons fait visiter nos locaux.

    Ce dernier point fut très sympathique. Pour les directeurs d'école ce fut concret et nos classes se sont transformées en lieux d'échanges.
    Ils ont scruté les moindres recoins de ma salle et mes fameux tabourets.
    Nous avons aussi visité les ateliers et là encore beaucoup de questions.

    Tout cela pour vous dire que nous avons réalisé ce matin un rêve : ouvrir la SEGPA aux collègues du premier degré.
    Un seul mot d'ordre doit vous guider : OSEZ.
    Osez demander des animations de ce genre ou les proposer pour les collègues.
    Osez franchir les portes de la SEGPA et venez découvrir cet univers qui est un tremplin pour beaucoup d'élèves en difficulté.

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  • En faisant des recherches sur le Certificat de Formation Générale (CFG), je me suis rendu compte que ce diplôme (pourtant revu dans son évaluation en juin 2017) faisait parti des bibelots de l'éducation nationale.  

    Il n'est pas normal de ne pas trouver le taux de réussite national à cet examen dans le livret des Repères et références statistiques 2021 des enseignements. Il n'est pas normal de ne pas trouver une trace du CFG dans l'organigramme de la scolarité mentionnant les diplômes possibles. Il est encore moins normal de voir que l'acronyme n'est pas correctement orthographié sur Eduscol. 

    Pourtant, ce diplôme attestant des compétences de fin de cycle 3 sera le seul obtenu par une partie de nos élèves en SEGPA. Il n'auront pas le DNB Pro pour lequel chaque année nous sommes poussés à tous les inscrire. 

    Partant de ce constat, pourquoi abandonner le CFG ? 

    Ce diplôme n'est pas assez valorisant ? Pourtant nos élèves s'y préparent toute l'année. Ils stressent le jour de l'oral et les jours le précédant. Ils ne sont pas sûrs de l'obtenir et sont heureux en voyant "ADMIS" sur les résultats. Ce diplôme fait la fierté des parents de nos élèves à besoin éducatifs particuliers. 

    Certes, la notation fait qu'il est assez aisé d'obtenir ce diplôme mais on oublie souvent l'investissement des élèves et des enseignants dans la constitution du dossier pour l'oral, qui, s'il n'est pas présenté, est éliminatoire. 

    On oublie le nombre d'heures assez conséquent pour le rédiger, le mettre en forme et faire que chaque élève se l'approprie. 

    On oublie aussi le travail autour de l'oral qui peut être compliqué pour nos élèves. Les facultés à s'exprimer ne se travaillent pas la veille mais font bien l'objet d'une attention particulière lors de toute leur scolarité en SEGPA. Le travail des enseignants autour de ce diplôme est conséquent mais il reste invisible. 

    Faites un test ... allez en salle des profs et demandez qui connaît le CFG. Personne ou presque ne sera capable de dire oui. Nous sommes invisibles et le commanditaire de cet examen nous maintien dans l'anonymat en oubliant de nous citer absolument partout ou presque.   

    La réalité du terrain est bafouée et cela montre bien à quel point le CFG ne bénéfice d'aucune légitimité auprès de notre hiérarchie alors qu'il est essentiel pour la confiance de bons nombres de nos élèves. 

     

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  • Premier jour de vacances aujourd'hui et le constat est amer.
    C'est bien la première fois en 5 ans de SEGPA que je me trouve aussi fatigué.
    Les nouvelles autour de moi concernant l'enseignement spécialisé ne sont pas roses si bien que l'on pourrait se demander se que l'on fait encore ici.
    Dans mon académie les ULIS passent à 13 élèves dès la rentrée et à 14 en décembre. Dans d'autres académies, certaines ULIS sont même à 15 voire à 16. Le cadre légal fixe la limite à 12 ou moins. Quand on sait que dans des dispositifs type GS, CP, CE1 dédoublés, les effectifs tournent entre 11 et 15, pour des élèves qui ne sont (normalement) pas en situation de handicap, et bien que l'objectif de ces classe soit tout à fait louable, on peut se dire qu'il y a comme un problème.
    Ce remplissage de classe a deux effets.
    Le premier, c'est de vider les listes d'attente afin de contenter les parents et faire baisser ce chiffre gênant d'un point de vue éthique et mauvais d'un point de vue électoral. 
    Au lieu d'ouvrir d'autres ULIS, on va charger les dispositifs existants, compliquer la tâche des coordo qui sont déjà extrêmement sollicités et dégrader les conditions de travail pour l'enseignant et pour les élèves. L'inclusion, qui est la priorité, devient plus difficile ; il y a moins d'accompagnement possible en classes de référence, et moins de place dans des écoles où les effectifs sont déjà chargés.

    Rajoutons aussi qu'il y a un glissement dans le public accueilli dans ces dispositifs. Les profils sont de plus en plus complexes et ne devraient pas forcément être affectés en ULIS mais dans quelques cas plutôt en IME ou en ITEP. Si la politique éducative est dans cette optique de glissement, il faut alors déployer des moyens supplémentaires dans les établissements pour la mettre en place. Cette évolution est compliquée à gérer même pour des coordinateurs chevronnés.  

    Ces affectations ont aussi un effet sur le vivier d'AESH. Bon nombre des nouveaux élèves d'ULIS ont une AESH. Celle-ci va se retrouver avec un élève en moins. Dans certains cas, cela va permettre d'atténuer la tension qui peut monter à 1 AESH pour 6 élèves.
    Dans d'autres zones plus rurales, cela va compliquer le placement de ces personnels par manque de besoin et cela peut aller jusqu'au licenciement.
    Le manque de mobilité entre le premier et le second degré ainsi que l'absence d'évolution dans la carrière des AESH est encore plus criant. Sans parler de leur salaire miséreux pour le travail qu'elles font et la non reconnaissance de leur aide indispensable à l'éducation des élèves reconnus par la MDPH.
     

    Concernant la SEGPA, les entrées y sont de plus en plus compliquées si bien que les 6e sont rares alors que les élèves en grande difficulté sont toujours aussi nombreux et que certains profs du secondaire restent réfractaires ou peu formés à l'adaptation des supports en réponse aux besoins des élèves. Rappelons que le principe de l'inclusion repose sur l'adaptation et la compensation de la part de l'établissement pour l'élève, et non le contraire.
    La souffrance des élèves au quotidien est effacée par l'objectif budgétaire et par l'inclusion à tout prix.
    Cette inclusion, les enseignants spécialisés sont pourtant les premiers à la vouloir mais de façon réfléchie et surtout bienveillante pour les élèves.
    Car au final qui va pâtir de ces conditions ? Ce sont bel et bien les élèves qui sont parfois mal orientés, parfois noyés dans un groupe par manque de disponibilité de la part des adultes et souvent en souffrance dans cette situation.

    Alors oui c'est les vacances mais elles seront studieuses pour beaucoup d'entre nous qui allons devoir nous adapter aux nouvelles contraintes tout en gardant le même objectif : répondre aux besoins des enfants à besoins éducatifs particuliers, les faire évoluer, montrer le meilleur d'eux-mêmes. 

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  • Chers éditeurs,

    Ce billet vous est destiné. Vous rythmez le quotidien de milliers d’enseignants avec vos livres de pédagogie, vos manuels, vos fichiers, vos exploitations pédagogiques ou que sais-je encore.

    Vous remplissez les casiers et les boites aux lettres d’enseignants à coup de spécimens en ce moment afin d’accroitre vos ventes et de vous faire connaître. Nous, enseignants du spécialisé recevons aussi vos spécimens et vos catalogues … pout autant nous ne voyons que peu de mentions sur l’enseignement spécialisé dans cet ensemble.

    Alors certes, il en existe quelques-uns comme chez RETZ avec un livre sur l’ULIS et un sur les unités d’enseignement spécialisé. Cependant, leur catalogue fait de très rares mentions à cet univers de l’enseignement méconnu qu’est le spécialisé. Canopé a quelques références utiles, les éditions ESF aussi mais cela reste des gouttes d’eau dans un univers méconnu.

    Je parle de cette petite niche où des centaines d’enseignants développent de nombreux outils adaptés aux élèves à besoins éducatifs particuliers. De ce monde où l’adaptation ne reste pas cantonnée à adapter le travail aux élèves. Il faut aussi adapter les manuels faute de ressources conformes à nos élèves.

    Il existe très peu de livres qui expliquent ce qu’est l’enseignement spécialisé et sa multitude de branches qui existent. La formation à l’INSPÉ sur ce point est quasiment inexistante, ce qui n’aide pas non plus les éditeurs à s’engager vers nos élèves.

    Pourtant, chaque enseignant a maintenant dans sa classe des élèves relevant de l’enseignement adapté. L’école inclusive fait que cette question n’est plus seulement l’affaire de quelques enseignants passionnés qui évoluent dans des structures spécialisées. C’est l’affaire de l’ensemble du corps enseignant premier et second degré !

    On m’a déjà avoué qu’écrire sur ces structures n’était pas rentable. Certains éditeurs avancent tout de même dans ce cheminement qui reste un véritable parcours du combattant.

    Nous sommes en 2021, l’enseignement spécialisé existe depuis quelques dizaines d’années et ce n’est que maintenant que l’on commence à s’intéresser à nous.

    En SEGPA, nous n’avons pas de manuels ou presque, ni même d’outils qui peuvent nous aider au quotidien. Heureusement, certains collègues partagent leurs réalisations afin d’aider les jeunes qui sont parachutés en SEGPA à chaque rentré et qui se retrouvent démunis. Je prends cet exemple car j’ai été dans ce cas et je n’ai pas forcément compris pourquoi il n’existait rien pour cet univers qui n’est pourtant pas récent.

    Que se soit les gros ou les petits éditeurs, il existe un énorme travaille à réaliser et un potentiel de ressources variées et enrichissantes à exploiter.

    N’oublions pas que l’enseignement spécialisé peut aider l’ensemble des enseignants qui rencontre des élèves avec des difficultés variées au quotidien. Nos créations peuvent donc servir à tous. L’échange ne doit pas être à sens unique de l’ordinaire vers le spécialisé. Ce n’est pas parce que les mots SEGPA, ULIS, IME … seront notés sur une couverture ou un article que les ressources ne pourront pas servir à l’ensemble des enseignants.

    Chers éditeurs il est temps d’investir le spécialisé afin de faire rayonner l’école inclusive et de mettre en valeur nos élèves qui le méritent vraiment.

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  • La SEGPA est une section pour les élèves ayant de grandes difficultés scolaires sur la durée. Tel devrait être la maxime des personnes qui font des dossiers SEGPA ou qui orientent en SEGPA.

    Je ne vais pas critiquer l’institution ni les collègues ici. Je vais juste faire un constat qui est propre à mon vécu et à mon expérience. L’objectif étant de montrer la réalité du terrain comme je l’ai toujours fait.

    Sur ce terrain, de plus en plus d’élèves arrivent en SEGPA avec un profil ne correspondant pas à la définition que j’ai énoncée en prélude. Cela fait deux ans que je récupère des 6e SEGPA qui peuvent se débrouiller dans le général. Le souci n’est pas la grande difficulté scolaire pour eux. Souvent, il s’agit d’un problème dans la scolarité au primaire ou bien un manque d’encadrement à la maison voir d’un simple manque de confiance. L’arrivée au collège constitue un tournant et pour ces élèves le blocage est résolu, car ils écrivent une nouvelle page de leur scolarité. Alors, bien sur, ils sont pré-orientés en 6e SEGPA et cela permet un retour assez simple dans l'ordinaire mais la création de dossier en CM2 pour eux est alors énergivore. Les enseignants laissent alors passer d'autres élèves qui pourraient eux avoir besoin de la SEGPA.

    Le fond du "problème" serait alors la connaissance de la SEGPA par les enseignants du premier degré qui orientent. Cela en résulte d'un manque de formation initiale mais aussi de formation continue sur les élèves à besoins éducatifs particuliers. Il faut crée ce lien en amont entre enseignants du spécialisé et enseignant du premier degré afin de faire des dossiers pertinents et de créer une véritable plus-value pour les élèves. C'est un gros chantier qui existe déjà dans certains tissus locaux mais qui doit se développer au niveau national.

    Certains élèves arrivent aussi, car ils sont « perturbateurs », mais sans difficulté scolaires. Cela montre bien qu’il existe un souci dans l’orientation des élèves en SEGPA. Les réorientations restent rares, mais souvent les élèves arrivant en SEGPA pourraient être dans l’ordinaire avec un cadre équilibré. C’est un fait dans mon cas et ce n’est pas une généralité.

    L’institution fait de son côté ce même constat et veut rappeler ce qu’est un élève de SEGPA. Tout cela est positif et montre qu’un glissement a été opéré et que les dérives sont nombreuses.

    Les dérives dont je parle sont aussi dans les affectations « sauvages » d’élèves n’ayant pas le niveau de la SEGPA, mais qui y arrivent pour cause de grande faiblesse dans le général et manque de place ou de volonté d’affectation des parents. Cela amène des situations ubuesques d’élèves qui sont baladés alors que la SEGPA n’est pas une « décharge », mais bel est bien un ascenseur qui mène à la réussite.

    Les décideurs ont conscience de cela, mais peuvent se heurter à la réalité du terrain. Il faut remettre la SEGPA à sa place et trouver l’équilibre entre les affectations pour cause de comportement et les élèves qui ne sont pas au niveau de la SEGPA.

    Cet ensemble amène un équilibre fragile qui menace l’essence même de la SEGPA qui est d’aider des élèves ayant des difficultés durables ce sont ces derniers qui sont pénalisés par des élèves n’ayant pas sa place avec nous malheureusement. C’est donc un mal assez profond qui vient ronger la SEGPA et qui dessert l’objectif d’amener chaque élève vers un CAP, le CFG voir le DNB PRO.

    Il est temps que cela change, il faut prendre conscience que les élèves de SEGPA ont un profil particulier et qu’il faut préserver cela pour garder les bénéfices de l’enseignement général et professionnel adapté.

    Voici donc deux affiches que j'ai crée à la suite de cet article et des échanges que j'ai pu avoir le concernant :

    Orienter en SEGPA : tout un art !

    Orienter en SEGPA : tout un art !

    Orienter en SEGPA : tout un art !

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  • Un post instagram, de la collègue Un tour en ULIS, hier, m’a rappelé que l’orientation des élèves à besoin éducatif particulier est un véritable problème dans notre chère éducation nationale.

    Peu de personnes le savent, mais il y a un manque criant de moyens, d’humanité et de bienveillance dans notre système.

    Un élève qui sort d’ULIS école ne va pas forcément en ULIS collège. Quelques choix existent, ils peuvent aller en SEGPA et d’ailleurs très bien réussir, aller en ULIS collège ou dans une autre structure adaptée.

    Malheureusement, notre système veut que cela ne soit pas aussi simple. Il faut savoir qu’il n’y a pas d’ULIS ou de SEGPA dans chaque collège et qu’il est possible de parcourir quelques dizaines de kilomètres pour en trouver une.

    Une fois le lieu de scolarisation adapté trouvé, il faut encore qu’il reste de la place à cet endroit. L’élève étant hors secteur cela s’avère encore plus compliqué. Que faire quand il n’y a pas de place en SEGPA, en ULIS voir même en IME ?

    Eh bien, les élèves iront en classe ordinaire ! Ils iront dans « la jungle » pour eux qui ne sont pas faits pour aller dans des classes bondées de 29 à 30 élèves. Ils ont des besoins éducatifs particuliers et on va les envoyer en enfer pour eux.

    Bien sûr, les enseignants et les équipes de directions peuvent prendre le problème à bras le corps et essayer de trouver des solutions. Malgré tout, ils sont confrontés au problème des listes d’attentes. Dans mon coin, c’est deux ans pour une place en IME ! Je récupère des élèves d’une SEGPA voisine qui est pleine à craquer. Nous n’avons donc pas les moyens d’orienter chaque élève vers la structure qui lui convient en France.

    Cela a un impact sur l’élève évidemment, mais aussi sur la famille. N’oublions pas que beaucoup de parents de nos élèves en difficultés ont des parcours tumultueux avec l’école. Ils ont de mauvais souvenirs, une stigmatisation voire un rejet de l’école. Nous aggravons cela en ne respectant pas la scolarité de leurs enfants et l’école voit son image encore plus dégradée.

    Cela va engendrer une nouvelle génération de déçue de l’éducation nationale quand les élèves deviendront parents et qu’ils reproduiront le schéma déjà connu dans leur enfance et dans celle de leurs propres parents.

    Il en va de même pour les réorientations en SEGPA qui peuvent être refusées pour des raisons que l’on trouve injustifiées et qui sont compliquées à expliquer à des parents qui sont en souffrance de voir leur enfant s’enliser dans le général. Il faut rendre cette orientation humaine et non politique. Nous parlons d’enfants qui ont des besoins, de vies d’adultes que les enseignements spécialisés vont aider à construire sereinement. Malheureusement, nous nous retrouvons devant un mur qu’est le système. Trop peu souple pour bien comprendre que ce sont des humains qui souffrent et non des noms sur des dossiers après certaines décisions.

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  • Ce matin, une amie m'a envoyé un texte sur la SEGPA écrit par une collègue et ses élèves. Cela m'a fait penser à ce texte écrit il y a déjà deux ans avec mes 3e de l'époque. Je voulais vous le partager, il est criant de vérité : 

    On va vous raconter notre vécu

    Vous expliquer comment nous sommes vus.

    La SEGPA est une classe comme les autres,

    À cause de vous, nous sommes couverts de honte.

    Vous dites que notre avenir est sans métier,

    Mais le vôtre est-il fondé ?

     

    Nous sommes comme vous au collège,

    Pourquoi nous jeter comme des boules de neige ?

    On a les mêmes horaires, les mêmes idées.

    On travaille bien,

    On vous parle bien,

    Alors, pourquoi nous critiquer ?

     

    Vous traitez la SEGPA,

    Mais vous ne nous connaissez pas.

    Vous vous moquez de nous,

    Vous êtes critiques

    Mais au fond de nous

    Nous sommes identiques.

     

    Vous pensez qu’on ne sait pas apprendre

    Mais au fond de vous,

    Vous savez qu’on apprend à ne pas devenir comme vous.

    Nous avons de l’énergie à revendre,

    Plein de bonne volonté,

    Tout cela nous permet de résister.

     

    Vous pouvez nous critiquer,

    Nous savons ne pas vous écouter.

    Vous dites que l’on est fou,

    Mais c’est vous qui nous pensez fous.

    La honte est une humiliation

    Qui est notre source de motivation.

     

    Vous traitez la SEGPA,

    Mais vous ne nous connaissez pas.

    Vous vous moquez de nous,

    Vous êtes critiques

    Mais au fond de nous

    Nous sommes identiques. 

     

    Vous dites que nous n’avons pas d’avenir,

    Garder cela dans vos souvenirs,

    Plus tard, vous verrez notre réussite,

    Nous réaliserons nos rêves,

    Nous gagnerons cette épreuve,

    Préparez-vous pour la suite.

     

    Vous traitez la SEGPA,

    Mais vous ne nous connaissez pas.

    Vous vous moquez de nous,

    Vous êtes critiques

    Mais au fond de nous

    Nous sommes identiques.

     

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  • Il est l’heure de faire un premier bilan de cette rentrée au collège. Pour moi, il faut d’abord faire une comparaison avec le monde médical. Cette rentrée au collège est une sorte de réanimation de la vie scolaire.

    Cette vie où il y a un bruit de fond permanent, où l’établissement est une micro-société toujours en mouvement.

    Comme pour tout, le confinement a stoppé net cela. Le collège s’est révélé être un lieu sombre et froid qui ne donne envie n’a personne. C’était un lieu inanimé qui devait reprendre vie.

    En ce sens, l’ouverture est une bonne chose. Malgré tout, ce lundi matin l’ambiance était pesante. Le masque cachait les sourires. J’ai retrouvé 3 de mes 21 élèves et j’ai vu dans leurs yeux la peur, le dégoût et la tristesse des conditions qui sont pourtant nécessaires.

    En arpentant le collège, j’ai remarqué l’ambiance pesante qui caractérisait le collège vide … alors que là quelques 80 élèves étaient là. Ce fut un moment rude, mais comme souvent, la réalité et le quotidien vont pouvoir reprendre le dessus.

    Je me suis rendu compte que cette appréhension collective est devenue une force et qu’une fois les mots posés, toutes les distorsions, les conflits et les chamailleries de prérentrée se sont estompés.

    Ce lundi fut magique en ce sens. Le collège se réanima au fur et à mesure de la journée. Les sourires effacés du matin pouvaient se lire sur les joues dans la journée. Vous n’imaginez pas la joie que peut procurer un fou rire dans une classe après deux mois de silence. Le collège reprend vie. La journée de mardi n’a fait que confirmer cette tendance. De nouvelles habitudes se prennent assez vite chez les élèves et une certaine routine se met en place. Nous avançons main dans la main et le collège reprend vie.

    Malgré tout, il ne faut pas oublier à quel prix se fait cette rentrée. Elle est coûteuse en énergie, en argent et aussi en émotions. Nous sommes dans une bulle sanitaire qui porte vraiment les caractéristiques d’une bulle. Nous devons nous habituer à de nouvelles pratiques qui ne sont pas forcément simples à respecter et qui l’hiver, vont être complexes. Je pense à l’aération des salles qui va se révéler un problème majeur. Cette bulle met donc sous vide le collège. Beaucoup de règles sont présentes, les élèves réagissent bien c’est parfait, mais malheureusement dès que l’on sort de la bulle la réalité nous emporte.

    Le constat est unanime, beaucoup d’élèves qui sont en 4e et 3e sortent voir leurs amis, les relations sociales sont importantes et même vitales dans certains cas surtout lorsque l’on est à 7 dans un appartement de 50m2. Mais aucune règle de distanciation sociale n’est respectée. Ce sont ces élèves qui vont, peut-être, rentrer dans le collège dans moins de 15 jours. Alors oui, le collège est une bulle sanitaire, mais il ne faut pas oublier que le contour de celle-ci est attaqué par un manque de respect des règles. Cela amène en moi un sentiment de rage, mais aussi de frustration. Je dois passer ma journée à me sur protégé dans un monde où l’ignorance et l’individualisme fait prendre des risques à chacun.

    J’ai donc peur que cette rentrée aseptisée soit une rentrée qui tombe à l’eau. Que le collège qui sort de réanimation progressivement avec deux sans respirer, soit obligé de retourner dans cet état de mort cérébrale à cause de personnes qui ne respectent pas les règles ni même les autres.

    Ces ados ont compris que le virus était moins dangereux pour eux, mais pas forcément que les profs, leurs parents ou leurs grands-parents eux étaient plus à risques. Cette société de l’individualisme, du chacun pour soi et de l’ignorance fait trop de ravage dans un monde où la peur règne et/ou le sanitaire montre à quel point nous sommes vulnérables.

    Il y aura un avant et un après-covid 19, cette rentrée le prouve et j’espère que l’on va en tirer de bonnes choses, car malgré tous ces deux jours furent synonymes d’espoir et il faudra en tirer tout le positif afin de continuer d’avancer pour former les futurs adultes de la société de demain.

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